Le Tai Chi Chuan et son Histoire
Pratiqué en Chine depuis des siècles, le Tai Chi Chuan (ou Tai ji Quan) est une technique de santé et de développement personnel qui se caractérise par l’approche de l’être dans sa globalité. C’est un art martial non violent fondé sur l’utilisation de l’énergie et non de la force physique.
Zhang San Feng comprit alors que la souplesse et l’attention gagnent sur la raideur et la dispersion et en déduisit les principes que nous connaissons aujourd’hui.
Le Tai Chi Chuan est fréquemment décrit comme une méditation en mouvement composée de gestes lents, souples et continus. Il nous apprend à trouver le calme intérieur et l’harmonie.
C’est un enseignement traditionnel qui s’adresse à tous, quels que soient l’âge et la condition physique.
Le Tai chi chuan est avant tout basé sur la douceur, la souplesse et l’utilisation du QI (énergie interne). Il entraîne muscles, tendons et articulations en douceur. Les positions favorisent la respiration en profondeur ce qui a des effets apaisants et une influence bénéfique sur l’ensemble de l’organisme : amélioration de la circulation sanguine, fortification du système nerveux central et de la capacité à contrôler nos réactions face aux évènements, augmentation du tonus musculaire, etc.
Le tai chi chuan s’est constitué à partir de quatre grands courants :
- acupuncture traditionnelle,
- méditation taoiste,
- arts martiaux
- philosophie taoiste.
Ses effets bénéfiques persistent dans le quotidien bien après l’entraînement…
Un moine taoiste du XIIème siècle installé en méditation contemplait un duel entre un oiseau et un serpent. L’oiseau faisait des mouvements saccadés et dispersés, le serpent se mouvait en souplesse et en cercles. Le serpent gagna.
Un art martial
Le tai chi chuan en tant qu’art martial interne insiste sur le développement d’une force souple et dynamique appelée jing. Par opposition à la force physique pure.
Une des règles du tai chi chuan est le relâchement (song, song kai). Qui permet la fluidité des mouvements et leurs coordinations. Un mouvement du poing prend naissance à la taille, se prolonge par l’épaule, puis par le bras. Les muscles sont utilisés d’une façon coordonnée et la force pénétrante provient d’une contraction rapide lors de l’impact.
Une fois la relaxation song installée, le pratiquant va développer le peng jing ou force interne. Consistant à relier chaque partie du corps en restant relaxé : une partie bouge, tout le corps bouge; une partie s’arrête, tout le corps s’arrête. Le peng jing est la force caractéristique du tai-chi ; on peut lui trouver une analogie avec une boule élastique : frappez la boule et votre coup sera retourné vers vous. Plus simplement, le tai chi chuan contrôle les mouvements en exerçant des forces tangentielles ou de rotation.
Technique
Le tai chi chuan porte une attention particulière à l’enracinement. L’énergie doit aussi partir des « racines » dans les pieds. Puisque c’est généralement eux qui dans la majorité des cas. Vont lancer le coup que donnera la main, ou toute autre partie frappante.
On dit parfois, « le pied donne le coup, la hanche dirige, et la main transmet ». L’énergie provient des pieds, puis elle est dirigée par la taille avant d’être émise par les mains.
Le Taï chi chuan est un Qi Gong. Il implique un travail sur l’énergie interne et non sur la force externe musculaire.
C’est pourquoi l’entraînement du tai chi chuan s’ exécute tout d’abord lentement pour sentir les mouvements de l’énergie vitale (Qi). Et ce, en vue d’exercices d’alchimie interne plus approfondis. Le centre de gravité et la respiration doivent être abaissés au niveau de l’abdomen (dantien).
Le pratiquant pourra commencer à accélérer les gestes, et pratiquera les fa jing – libération de l’énergie -. D’abord réduits afin d’éviter d’abîmer ses articulations, puis de plus en plus complets.
Les exercices de poussées de mains permettent d’appliquer les principes du tai chi chuan avec un partenaire. Et ceci de manière progressive : rester relaxé (song) sur une poussée, par exemple pour démarrer.
Applications
Les applications peuvent être exécutées de différentes manières :
- des coups frappés aussi bien avec les pieds ou les genoux que les mains ou les coudes. Même si l’usage des pieds s’avère difficile à mettre en pratique pour le corps à corps.
- les chin-na qui sont en fait des clefs que l’on retrouve en aikido ou en ju jitsu.
- des pressions sur les cavités pour provoquer des blocages respiratoires ou sanguins.
- des pressions sur les points d’acupuncture qui peuvent léser l’énergie vitale. Et entraîner des troubles de l’organisme (état mental, destruction des organes internes, K.O., voire la mort). Il s’agit du plus haut degré de maîtrise.
Le tai-chi-chuan se pratique généralement à mains nues, mais il existe des formes avec éventail, poignard, épée, bâton et sabre que le pratiquant pourra apprendre après quelques années d’expérience.
Lors des coups frappés, l’énergie est tout d’abord concentrée dans le dantian, qui est un des points d’énergie (plus connus sous le nom de « chakras »), situé deux pouces en dessous du nombril (équivalent au second chakra) et un en profondeur, puis est libérée, accompagnée d’une onde de choc propagée par l’ondulation des articulations du pratiquant, tel un fouet. On appelle cela exploser la force ou fajing.
Le Tai Chi Chuan Aujourd’hui
Aujourd’hui, il s’agit d’une gymnastique du corps qui est à la fois physique et mentale. Il permet un bon apprentissage du geste et ses enchaînements exigent une grande concentration et une bonne mémorisation. C’est aussi et surtout une gymnastique du bien-être qui libère des pressions de la vie de tous les jours, permettant ainsi de pouvoir lâcher prise.
Dans la pratique, tout ce base sur l’équilibre entre mouvement et immobilité, relâchement et étirement musculaire, flexion et extension. Les mouvements sont ronds, fluides, souples et lents. Ils coulent et ondulent harmonieusement dans le calme et la douceur.
Du point de vue médical, le tai chi est accessible à tous, quels que soient l’âge, le poids et la morphologie. Apaisant et tonifiant, c’est un sport d’entretien non violent qui peut même ce pratiquer pendant la grossesse. Il permet, en outre, d’acquérir ou de garder une bonne souplesse ostéo-articulaire et musculaire.
La lenteur est une précieuse alliée
Aucun mouvement ne doit se faire dans l’urgence, les enchaînements sont pratiqués avec lenteur. Les centres nerveux ont donc tout le temps de solliciter doucement les muscles, tendons et articulations, sans forcer ni faire mal. C’est pourquoi la pratique, même intensive, du tai chi chuan ne génère jamais d’accident.
Le mouvement affirme l’équilibre.
Pendant toute la séance, l’ensemble du corps est constamment en mouvement mais chaque partie (tète, jambes, bras, mains, etc.) s’oriente simultanément dans des directions différentes (à droite, à gauche, en avant, en arrière, sur le côté, demi-tour…). C’est efficace surtout pour ceux qui ont des problèmes d’équilibre ou de vertige.
La concentration entraîne la maîtrise du geste
Le tai chi chuan ne peut se pratiquer de façon mécanique. Seule la concentration permet d’être dans le mouvement et d’évacuer le flot de pensées parasites qui nous assaillent constamment pour parvenir à la maîtrise du geste.
La mémoire joue sur la sérénité.
Pour reproduire correctement les enchaînements, il faut apprendre à bien les mémoriser. Cet entraînement est possible à tout âge avec un peu de persévérance. Réaliser un enchaînement provoque une sensation de sérénité.
La respiration profonde oxygène le corps.
La lenteur des gestes permet de prendre conscience des inspirations et des expirations qui accompagnent chaque mouvement. Progressivement, la respiration devient plus profonde, plus ample, sans à-coups. Pour mieux nous oxygéner.
Le dos s’étire et la silhouette se redresse.
Pendant toute la séance, la colonne vertébrale reste droite même quand le corps est incliné. Les épaules sont relâchées, les hanches sont mobiles, les muscles du dos s’étirent doucement, les contractures s’effacent, les vertèbres respirent. Résultat : la silhouette se redresse.
Les jambes lourdes s’allègent.
Dans cette discipline, le corps est toujours en déplacement. L’alternance entre contraction et relâchement des muscles des jambes améliore le retour veineux.
Les cuisses se musclent en douceur. Les mouvements se font toujours genoux fléchis, de façon plus ou moins prononcée selon les capacités musculaires de chacun. Cette flexion abaisse le centre de gravité, donne confiance dans ses appuis, améliore l’équilibre et renforce en douceur les muscles des jambes et des cuisses.
Le tai chi permet d’améliorer son équilibre
Le travail intense « d’enracinement » renforce les jambes, les cuisses, et redonne souplesse et puissance à l’articulation coxo-fémorale (hanches). Les postures bien axées sur la verticale, avec une base solide au sol, redonnent à l’ensemble du corps une sensation de centrage et de stabilité.
On sait que les seniors sont sujets aux chutes, à cause de la perte de proprioception (sensibilité des terminaisons nerveuses situées sous les pieds et détérioration des fonctions équilibrantes de l’oreille interne). Le tai chi stimule intensément cette proprioception, et la lenteur des gestes permet aux pratiquants de réapprendre à écouter leur corps, leurs postures, et à effectuer les corrections nécessaires au maintien de la verticalité. Ils retrouvent une confiance en soi non négligeable, et une confiance dans leur propre corps qu’ils réapprennent à maîtriser.